Expressionnisme

Apparu en Allemagne à l’aube du 20e siècle, il « exprime » les événements, les paysages, les modèles, tels que vus par le talent de l’artiste. Un portrait pourra ainsi présenter une allure déformée puisqu’il exprimera quelque chose de plus appartenant au peintre. Une peinture marquée par l’expression dont Van Gogh fut en son temps l’initiateur. À croire que les artistes allemands sentent pointer le spectre de la guerre et transmettent leurs angoisses sur la toile à travers des portraits de personnages aux allures torturées, distordues.

Le groupe Die Brücke se forme à Dresde en 1905 avec Fritz Bleyl, Karl Schmidt-Rottluf, Erich Heckel et Ernst Ludwig Kirchner, puis Emil Nolde, George Grosz, Otto Mueller, et bien d’autres qui exprimeront l’atmosphère austère et angoissante qui règne dans le pays à l’époque. Frantz Mark s’inspire lui, de la force vitale de la nature, pour créer des œuvres animalières remarquables, utilisant chaque couleur à une signification particulière. Gustav Klimt, Egon Schiele, en Autriche suivent le mouvement et peignent l’homme dans toute sa vulnérabilité. Plus question d’idéal ou d’embellissement. Les détails sont crus et n’essaient pas de donner quelconque avantage aux personnages.

Pour les expressionnistes le corps tout autant que le visage peut exprimer la violence, la monstruosité des sentiments, et l’omniprésence de la peur. La décadence, la déchéance, la folie démontrent un art qui ne se base pas sur l’esthétisme pur et qui est capable de mettre à nu ses modèles. Choquant, il n’en est pas moins réaliste. Otto Dix peint de vieilles femmes face à leur jeunesse, une image terrifiante, de chairs avachies, ridées, abîmées par la vie, qui ne se résignent pas à se voir comme tel.

Un mouvement hanté par anticipation à ce qui se trame et déclenchera la Première Guerre mondiale.

Une montée en puissance d’un sentiment d’impuissance face aux événements tragiques, au destin qui broie. Un art qui interpelle, qui renvoie à la conscience de l’inexorable, du temps qui passe, et qui fut condamné par le totalitarisme nazi pour son aspect « dégénéré ».